Biographie d'Elena Laserna Pinzón

Elena Laserna Pinzón (1910-1943) ou Elena Laserna de Aparicio est née et morte à Bogotá. Elle a voyagé dans différents pays d’Europe et d’Amériqueà des fins culturelles. La première oeuvre littéraire qui la fit connaître du public a été la traduction de la nouvelle de Descamps, El Pilluelo qui parut dans Mundo al Día, en 1925. Dès lors, elle n’a cessé de publier dans différentes revues et journaux de Colombie et d’autres pays :  des contes, des impressions de voyage, des études artistiques et sociales, des traductions d’auteurs français, etc. Le Dr. Luis Enrique Forero a écrit à son propos :
“Son intelligence équilibrée s’applique à des études de fonds, et elle a une portée incomparable, si l’on considère sa jeunesse. Elle ne fait pas partie de ces personnes qui ressassent leurs succès éphémères et qui ne font plus rien, parce qu’ils ont achevé leurs études. Sa manière d’employer son temps est admirable : elle lit et elle écrit, suivant en cela les conseils de Cicéron. Elle se remémore des morceaux choisis des aèdes grecs et latins, elle analyse avec l’éclairage du droit, les topiques les plus passionnants du monde moderne; avec la chimie, elle pénètre dans les mystères de la matière inerte ; elle parcourt les systèmes philosophiques, avec sagacité et pénétration, sans que tout ce dynamisme inlassable, ne lui fasse perdre la grâce de ses années fleuries.” (
Extrait, dans Historia de la Literatura Colombiana, Ed. Cromos, 1935)

Elena Laserna Pinzón a fondé dans sa jeunesse, avec Cecilia Hernández de Mendoza (membre de l’Académie Colombienne de la langue et de l’Institut Caro y Cuervo), El Centro Literario Rafael Pombo. Par ailleurs, en tant qu’historienne orientaliste, elle traduisit pour la première fois, avec une grande sensibilité, de l’anglais à l’espagnol l’oeuvre universelle de Kahlil Gibran,
El Profeta 

Ce qui était le plus intéressant chez elle, c’était son sens profond de la féminité. Elle était consciente de sa propre valeur et elle possédait une très vaste culture ainsi qu’une grande intelligence : “Même si la mort doit m’ensevelir et m’envelopper d’un profond silence, je chercherai toujours votre compréhension”. (El Profeta).

Le travail qu’elle a envoyé au congrès féministe de Buenos Aires et ses études sur l’intellectualité des femmes, révèlent une maturité de jugement extraordinaire pour son âge et une connaissance profonde de la situation de la femme en Colombie. A l’instar de la plupart de nos intellectuels, Elena Laserna Aparicio fut franchement orientaliste et ce qu’il y a de mieux dans sa production littéraire, c’est le magnifique “Khalil Gibran”, joliement édité et d’une grande valeur littéraire. Avec cette oeuvre, elle s’est révélée, non seulement comme une traductrice remarquable, mais aussi comme une poétesse d’un lyrisme délicat qui s’attache à l’expression des sentiments humains les plus profonds et à celle des idées et des pensées les plus diverses. “Mon coeur est plus riche et mes lèvres suivent plus docilement mon esprit.” (El Profeta, Khalil Gilbran).

On peut considérer qu’elle a pleinement réalisé sa vie et son œuvre. Cependant, il est sûr que si la flamme de sa vie ne s’était pas éteinte si tôt, notre littérature nationale se serait enrichie de nouvelles oeuvres de ces deux genres et d’autres aussi, pour lesquels elle a manifesté un intérêt sincère et une si grande capacité.

Dans le chapitre intitulé “A propos de la séparation”, le prophète Khalil Gilbran prévoit son éloignement de sa forme de vie présente et il s’exclame avec des mots qui pourraient s’appliquer à la femme qui l’a traduit de l’anglais en castillan :
“Mes jours parmi vous furent brefs et plus brèves encore les paroles que j’ai prononcées, mais si ma voix venait à s’éteindre.” 
Extrait de la Revista de Indias por Carlos Lozano y Lozano.

Elena Laserna Pinzón mourut en 1943, à l’âge de 33 ans.

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"Legends of Guatancuy".